Le Suicidé - Théâtre avec les Trois Muses

Le Suicidé - Théâtre avec les Trois Muses

Tout commence par un bout de saucisson réclamé dans la nuit.

Dans ces temps de restrictions et de famine féroce de l’après-révolution soviétique, cela prête à rire et à pleurer. Au milieu d’une nuit, un homme réveille sa femme, affamé. Ne supportant pas la scène de ménage qu’il provoque, il se réfugie à la cuisine, pour pouvoir tranquillement déguster une saloperie de saucisson de foie, sans rien savoir de la farce que le destin lui réserve. Les quelques instants de sa disparition suffisent à sa femme et à sa belle-mère pour se persuader qu’il veut en finir. En effet, pourquoi ne mettrait-il pas un terme à cette vie de chien, en se donnant un bon coup de pistolet ? On lui saute dessus comme un fou dangereux, on lui demande de rendre le pistolet qu’il vient de se fourrer dans la bouche. Dans cette ère de folie banale, le moindre geste anodin peut être déformé, compris de travers. Un signe minuscule devient majuscule, grotesque, grimaçant. Un saucisson se transforme en pistolet. N’importe quoi peut conspirer à la perte risible d'un homme, risible et tragique.

Publié le 24/06/2014 - Voir tous les articles